Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/234

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pas grand chose, mais ce sera de bon cœur ; ah ! sans les charités de madame et de mademoiselle, il y aurait peut-être bien long-tems que nous ne serions plus de ce monde, ni mon enfant, ni moi, mais ce sont de si bonnes ames monsieur ; il y en a qui attendent que les malheureux viennent les trouver pour les secourir ; mais celles-ci les cherchent : elles ne vivraient point si elles ne les soulageaient pas… Aussi il faut voir comme nous les aimons, si elles avaient besoin de notre sang nous le verserions tout-à-l’heure goutte à goutte, et nous croirions encore n’avoir rien fait. Mon cœur s’épanouissait en écoutant de tels récits,… de douces larmes remplissaient mes yeux… Est-il une félicité plus vive que celle d’entendre louer ce qu’on aime !

Enfin Colette revint essouflée ; elle avait fait ses quatre lieues toujours en courant, et n’avait pas mis deux heures à les faire. Elles me suivent, dit cette pauvre enfant tout en sueur,… elles me suivent, monsieur ; allez, je leur ai bien fait du plaisir…