Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/239

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se donnera jamais à d’autre ; je me jette aussi-tôt dans les bras de ces deux chères amies, et mon silence ici plus éloquent que mes paroles, les convainc que mon ame enflammée se réunit à la leur pour y rester en dépôt jusqu’au dernier jour de ma vie.

Cependant la nuit s’approchait,… il s’agissait de la séparation, madame de Blamont croit avoir la force d’en marquer le moment, elle se lève sans me regarder ;… sa fille l’entend ;… elle veut en faire de même :… ses genoux fléchissent et elle retombe en larmes sur sa chaise ;… alors madame de Blamont lui dit avec une fermeté noble… Je perds un ami comme vous, ma fille… L’espérance de le revoir me soutient, et j’ai le courage de m’en séparer. Mais Aline n’écoutait plus rien, elle était étendue dans mes bras ; elle mêlait ses larmes aux miennes, et l’on n’entendait plus d’elle que les cris amers de la douleur et les sanglots du désespoir !… Madame de Blamont se rasseoit ;… elle prend une main