Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/241

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presse sur mon sein,… nos corps enlacés comme nos ames, semblent ne plus faire qu’une masse, qu’aucun effort ne saurait désunir, et ma raison ne revient enfin, que par le désir de rendre à la vie celle qui déchire la mienne ;… celle qui suspend à-la-fois par la douleur toutes les facultés de mon existence.

Fuyez, me dit madame de Blamont, en faisant étendre sa malheureuse fille sur un lit ;… fuyez, il vaut mieux qu’en revenant à elle, elle ne vous trouve plus sous ses regards… Allez divin ami, continua-t-elle, en me tendant les mains ;… souvenez-vous de cette scène ; rappelez-vous combien vous êtes aimé, et, si vous croyez que ma fille me soit chère, persuadez-vous,… ou qu’on m’arrachera le jour, ou qu’elle ne sera jamais qu’à vous ; et m’étant prosterné sur cette main chérie, l’ayant arrosée des larmes de ma reconnaissance et de ma tendresse, j’ose élever encore une fois les yeux sur l’idole adorée de mon cœur ; je lui adresse, sans en être entendu, les