Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/276

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se calma, et le médecin permit à madame de Blamont de prendre un peu de crême de ris qu’elle paraissait désirer. Aline plus tranquille, parce qu’elle se flattait toujours quand elle ne se désolait point, partagea ces derniers alimens, colée sur le sein même de sa mère. Quel tableau, mon ami ! je n’en ai jamais vu de plus intéressant, et mes pleurs coulent avec trop d’abondance pour pouvoir essayer de le peindre.

À trois heures il prit une faiblesse affreuse à notre chère malade ; on ne lui rendit un instant la lumière, que par le secours des plus violents cordiaux… Dès qu’elle eut r’ouvert les yeux, elle demanda à être enfermée une demi-heure avec sa fille et moi ; le médecin voyant qu’elle pouvait parler, la fortifia par quelques nouvelles gouttes d’essence, et nous laissa. Elle nous fit placer tous deux auprès de son lit, mais Aline ne voulut l’écouter qu’à genoux… Elle appuya dans cette posture, ses mains dans celles de sa mère, et