Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/295

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qu’il vaille mieux être organisé dans votre sens que dans le mien, si nous avons également tous deux des plaisirs ? — Les miens sont ceux de la vertu, les votres mènent à tous les crimes. — Il faudrait savoir maintenant lequel (conventions sociales à part) donne plus de plaisir du vice ou de la vertu ? — Comment une telle chose peut-elle se mettre en discussion ? — Je vous le demande à mon tour ; car si vous caractérisez le plaisir, la sensation chatouilleuse reçue à l’ame, par une cause quelconque, cette commotion beaucoup plus violente quand elle est donnée par le vice, fera naître infailliblement plus de plaisir que celle qui serait l’effet de la vertu ; et dans ce cas, l’homme parfaitement heureux pourrait bien être celui qui, renversant toutes vos idées sociales, se ferait des vertus de vos vices et des vices de toutes vos vertus. — Monsieur, dis-je en fureur, ne pouvant plus tenir à de si cruels sophismes, vous feriez pendre avec raison le malheureux qui penserait comme vous.