Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/301

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orpheline de quatorze ans, presque livrée à elle-même ; le zélé serviteur la fit voir à son maître, celui-ci approuva le choix ; dès le soir elle fut conduite dans la chambre de cet horrible époux, et le traître osa consommer son forfait près des cendres encore palpitantes de cette malheureuse femme, dont il venait de trancher si odieusement les jours. Il la garda toute la nuit ; je ne le sus qu’après son départ ;… en vérité, je ne l’aurais pas souffert, si j’en avais été prévenu.

Dès qu’il fut retiré, je me mis en devoir de remplir les tristes soins dont j’étais chargé ; ce qui m’embarrassait le plus, était la manière dont je m’y prendrais pour prévenir cette pauvre Aline des nouveaux malheurs qui l’attendaient encore. L’ordre était précis, le président me l’avait renouvellé en nous séparant ; et lorsque sur cela je lui avais montré les dernières intentions de sa femme, il les avait traité de radotage, qu’on pouvait entendre par pitié dans l’instant où elle les avait dictées, mais