Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/322

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sait le bonheur des autres ; le ciel n’a voulu la laisser qu’un instant sur la terre… elle n’y a paru que pour faire le bien,… et je lui appliquais ces paroles superbes qu’inspirait à Fléchier la célèbre duchesse d’Aiguillon[1] : elle n’a été grande que pour servir Dieu, riche que pour assister les pauvres, vivante que pour se disposer à la mort.

Telle est, mon cher Valcour, la première partie des malheurs que j’ai à t’apprendre, je passe les détails qui m’occupèrent les jours suivans, pour en venir plutôt au sombre récit qui me reste, et qui ne déchirera pas plus cruellement ton cœur que le mien ne le fut en le lisant.

Le 3 mai au soir, je revenais de l’église, où je n’ai pas manqué d’aller pleurer deux heures par jour sur le tombeau de ma malheureuse amie, depuis que nous avons eu la douleur de la perdre ; lorsqu’on m’aver-

  1. Nièce du cardinal de Richelieu.