Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/346

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

verset, mon père et ma mère m’ont abandonnée, le Seigneur seul s’est chargé de moi ; ses yeux se remplirent de larmes,… et elle se livra à la plus profonde douleur, peu après elle se releva ; je suis plus tranquille à-présent, me dit-elle, on ne conçoit pas quelle satisfaction éprouve une ame sensible à prier pour ce qui l’intéresse ; cette pauvre mère,… cette tendre mère,… comme elle m’aimait, quels soins elle a pris de mon enfance !… comme dans un âge plus avancé, le bonheur de ma vie l’occupait uniquement, comme elle me pressait encore dans ses bras quelqu’heures avant d’expirer ! je n’ai plus rien, tout est perdu pour moi sur la terre, tout est perdu, Julie, je n’ai plus rien,… et ses pleurs recommencèrent à couler.

Cependant, il était près d’onze heures, elle me demanda si je voulais veiller avec elle,… c’est ce que je désirais,… j’acceptai. — Bon, me dit-elle, mais nous ne passerons pas la nuit entière pourtant, un peu avant qu’ils ne viennent me chercher ; je serai bien aise de prendre quelqu’heures