Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/376

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dans les plaines immenses de l’espace.

Oh mon ami ! que de changement ! quelques jours ont apporté à notre situation, Il y a trois semaines que nous formions des plans de plaisirs, des projets de commerce,… que cette mère tendre que j’ai perdue, et que j’idolâtrais, se flattait de nous voir unis, et nous permettait d’y croire avec elle,… frêles jouets des décrets suprêmes… Quel intervalle énorme ce peu d’instans vient de mettre entre nous ! semblables au pilote insensé qui se réjouit à la vue du port, et que l’ouragan impétueux brise incessamment sur l’éceuil qu’il se félicitait d’avoir évité… Nous imaginons toucher au bonheur, tandis qu’il est certain qu’il n’existera jamais pour nous. Et voilà donc les projets des hommes, voilà donc les tristes résultats de leurs décisions chancelantes. Leurs impuissans désirs, tels que les faibles rayons du soleil sous les signes glacés du Zodiaque, vont s’annéantir sans effet dans les volontés de l’Éternel, comme ceux-ci se dissipent sans