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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


fait pour préparer l’âme à jouir du plus beau spectacle que puisse nous offrir la main de l’Éternel.

Les vigies, placées sur le haut des tours du château, signalaient à peine quatre heures qu’on entendit des courriers faire retentir la forêt de leurs cors, avertissement certain que quelques personnages illustres s’approchaient du château.

Les gardes se relèvent, les ponts se baissent, on va reconnaître, et les pages de service se hâtent d’entrer chez le prince et de lui annoncer une voiture contenant Adélaïde de Brunswick, fille du duc de ce nom, et Louis, marquis de Thuringe, qui, venant d’épouser cette princesse par procuration de Frédéric, son parent et son maître, l’amenait à son légitime époux.

Frédéric se lève à la hâte et vient recevoir au pied du grand escalier la plus belle princesse que l’Allemagne possédât.

— Madame, dit Frédéric, en embrassant celle qui va partager son sort, le bruit de vos beautés retentissait dans toute la Saxe ; mais je vois combien sont au-dessous de la réalité les récits qu’on a osé faire. Quelque illustre que soit mon trône, c’était sur celui de l’univers que vous deviez être placée, et si je regrette aujourd’hui les grandeurs, c’est par l’impossibilité où je me trouve de n’en déposer à vos pieds que d’aussi peu dignes de vous.