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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


à ces amusements, le comte de Mersbourg, retenu par son souverain, assista à tout ce qui fut célébré pour le mariage.

Le comte de Mersbourg, dont il est tenu de donner une idée, était âgé de trente ans ; une belle figure, infiniment d’esprit littéraire, qui fait payer un peu de réputation par des chagrins intarissables, non de celui de société qui, se répétant tous les jours, finit par n’avoir, et surtout auprès des femmes, que le mérite d’un perroquet bien instruit. Mais le comte possédait au suprême degré l’esprit des cours et de l’intrigue, souvent bien dangereux aussi, mais qui donne cependant, à celui qui le possède, des jouissances suffisantes à satisfaire l’homme qui n’a plus de frein.

Le comte plut beaucoup à la cour de Frédéric ; il eut l’art de se rendre assez promptement le favori du souverain, l’ami de Thuringe et le confident de la princesse. Une fois là, il lui fallut peu de temps pour s’apercevoir que les nœuds d’Adélaïde, tissés par la politique et par l’intérêt, ne l’étaient nullement par l’amour, et que ce sentiment dont une jeune personne est rarement maîtresse paraissait avoir dirigé le cœur de notre héroïne bien plutôt vers Louis de Thuringe que vers celui qui devait légitimement y prétendre. Cette remarque bien établie, bien approfondie