cour ? Quel motif l’engage à voyager ainsi dans
le simple costume d’un chevalier ? Où va-t-il ?
Quelle est la cause du mystère qui paraît
envelopper ses démarches ? Peut-être le prince
a-t-il disposé des jours de mon malheureux
amant : instruit que ses soupçons sur Kaunitz
portaient absolument à faux, peut-être les croyant
mieux établis sur Thuringe, l’a-t-il immolé à sa
cruelle jalousie ! Mersbourg l’aura servi dans
ce crime effroyable : il était le confident du
marquis, et voilà les raisons de ce déplacement
qui me trouble ! Pourquoi cet homme n’a-t-il
pas attendu une réponse ? Mersbourg ne devait
pas s’éloigner qu’il ne l’eût !
— Le pouvait-il, madame, dit Bathilde ? Obligé de suivre votre époux, il ne devait ni retarder ses pas, ni lui donner connaissance d’un message qu’il vous faisait parvenir.
— Ô ma chère Bathilde, que de louche j’aperçois dans tout cela ! Et quand mes doutes seront-ils dissipés ?
À ces réflexions la princesse en ajouta quelques nouvelles dont elle fit part le lendemain à Bathilde, c’est-à-dire à la seule personne avec laquelle il lui fût possible de parler de ce qui l’intéressait le plus.
— Le croirais-tu mon enfant, lui dit-elle, bien