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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


dangers que je cours, dans tous les malheurs que j’éprouve. Crois-tu, Bathilde, que je puisse jamais oublier ces horreurs ? Elles me plongeront au tombeau, et j’expirerai peut-être sans avoir la consolation d’apprendre au plus cher objet de mon cœur tout ce que j’ai souffert pour lui. Oh ! Bathilde, qu’il est malheureux pour nous de n’avoir pu instruire l’honnête Bundorf des nouveaux revers que nous éprouvons ! Heureusement, mon portefeuille ne m’a point quittée, et j’ai sur moi l’or qu’il m’a remis.

Adélaïde finissait à peine de se livrer à ces tristes réflexions, elle essuyait à peine les larmes qu’elles lui faisaient répandre, qu’un gentilhomme du margrave se fit annoncer. Cet ambassadeur se nommait le baron de Dourlach. Né à Trente, et ayant servi fort jeune dans les troupes de l’empereur, il avait fini par s’attacher au margrave de Bade dont il était à la fois et le confident et l’ami. Dourlach, âgé de vingt-huit ans, joignait à une figure agréable un caractère doux et honnête.

— Madame, dit-il à la princesse d’un air aimable mêlé de pudeur et de timidité, je suis chargé de vous exprimer l’extrême désir que monseigneur a de vous voir, et en même temps son regret de s’être vu forcé à ne devoir votre