mal avec le caractère qu’elle nous a montré dans
tout le cours de cette histoire.
Adélaïde avait sans doute les mêmes sentiments ; mais elle venait donc d’être fausse ici ? Nullement ; nous lui verrons peut-être de la finesse, jamais de la fausseté. Une femme est fausse quand elle fait effrontément parade des sentiments qu’elle n’éprouve pas : elle n’est qu’adroite et fine en feignant les mêmes sentiments quand les circonstances l’y contraignent, et surtout quand elle ne les scelle point par des faveurs. C’est en les accordant à celui qu’elles aiment, comme à celui qu’elles ont intérêt à ménager, qu’elles sont fausses : jamais en se contentant de faire espérer, quand leur bonheur ou leur vie tient à ce subterfuge. La conversation suivante va développer ce que nous avançons.
— Madame, dit Bathilde, qui s’était aperçue de quelque chose, ne me suis-je point trompée ?
— Je le crains, dit la princesse : car tu me supposes éprise de Dourlach quand je ne le suis que de ma liberté.
— Mais pourquoi vos yeux ont-ils laissé à ce jeune homme l’espoir de vous enlever à son maître ?
— C’est que je ne veux ni de l’un, ni de l’autre, ma chère Bathilde, et que je vois d’ici la possibilité