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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


de me défaire de l’un en ayant l’air de ménager l’autre. Mais ne disons pas encore tous mes moyens ; ils échoueraient peut-être par trop de promptitude à les mettre en action. Rarement ce qu’on espère réussit-il quand on l’envisage trop longtemps.

Les réponses d’Adélaïde avaient irrité le margrave ; mais, calmé par le baron, il crut devoir se rendre aux conseils qu’il en reçut, et, d’après ses avis, ce ne fut qu’à force de bons procédés qu’il voulut attaquer le cœur qui s’échappait chaque fois qu’il voulait le saisir.

Dourlach, qui gagnait à un arrangement fait pour multiplier les occasions de voir une femme dont il commençait à devenir sérieusement amoureux, ne manquait pas d’employer toute son éloquence pour persuader au prince qu’assurément il réussirait en continuant de ne mettre en usage que ce que la délicatesse et la galanterie pouvaient avoir de plus raffiné. De ce moment les fêtes se varièrent et se multiplièrent au château ; on y accourait de toutes parts ; et, quoique Adélaïde en fut toujours l’objet et l’héroïne, les précautions mystérieuses qu’on employait pour s’assurer d’elle au sein de ces divertissements, lui déplaisaient à tel point qu’elle ne put dissimuler l’impossibilité où elle était de prendre part à ces