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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


mais il faut beaucoup de conditions pour que je puisse les partager, et il se peut fort bien que vous les trouviez ou impossibles ou trop sévères. Rompons donc pour aujourd’hui un entretien dont la durée pourrait nuire à l’un et à l’autre. Enveloppez des ombres du mystère tout ce qui vient d’y être traité, et remettons à des temps plus heureux la suite de cette conversation.

— Eh bien, Bathilde, dit Adélaïde, dès que le baron fut parti, me comprends-tu maintenant ?

— Oui, madame, je le crois au moins ; mais si ce jeune homme allait vous tromper ?

— Bathilde, dit la princesse en souriant, c’est mal augurer de mon pouvoir et de mes charmes.

— Enfin, madame, vous voilà donc coquette.

— Non, Bathilde, non, ce serait me supposer des torts envers le marquis de Thuringe, et je n’en aurai jamais de cette espèce. Je ne suis point coquette, mon enfant : la coquetterie chez les femmes n’est que le masque des défauts qu’elles veulent déguiser pour plaire. Celles qui n’ont aucun reproche à faire à la nature n’appellent jamais l’art à leur secours. Je ne cherche donc point à séduire le baron, mais je veux sortir de ce château, et je ne vois que lui qui soit capable de servir ce projet.

— Mais vous l’aurez trompé.