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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


que je ne m’en rende pas digne à quelque prix que ce puisse être : je me détermine donc à tout. Mais observez, madame, qu’en vous découvrant ce secret, je ne vous demande plus rien : l’exigence d’une compensation démontrerait un sentiment pénible à mon cœur, et je veux être aussi délicat que vous devez être généreuse. Peut-être l’eussiez-vous été davantage en n’exigeant rien de moi ; mais ce que j’attendais de vous méritait un sacrifice, et je le fais en toute sécurité.

— Un moment, Antoine, interrompit Adélaïde, ce que j’ai dit, ou n’a pas été compris par vous, ou l’a été beaucoup trop en votre faveur. Je ne vous donne aucun droit sur moi, en recevant de vous l’éclaircissement que je désire ; vous en promettre serait vous tromper : comment vous engagerais-je ce qui ne m’appartient plus ? Voyez donc à quel point je suis exigeante : je vous demande tout et je n’accorde rien. Je vous ai dit pourtant que si, par l’aveu que je désire, vous vous montriez digne de mon amitié, je vous accorderais toute celle dont je suis capable, et de plus la promesse la plus sacrée du plus inviolable mystère. Songez-y ; monsieur, si je n’ai promis que cela, c’est que je ne puis promettre autre chose. Je fais donc pour vous autant que vous faites pour moi, puisque je vous accorde tout ce dont je puis disposer,