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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


les princes ont besoin d’une pareille consolation ; elle est si rare sur le trône… Jurez-moi que je la trouverai toujours dans vous.

Le malheureux jeune homme, qu’étouffaient à la fois ses sanglots et ses larmes, se précipitant une seconde fois aux genoux de la princesse, lui protesta que de ses jours il ne disposerait d’un cœur dont elle ne pouvait accepter l’hommage. Un calme heureux et doux succéda à cette scène touchante, et Dourlach ainsi que sa sœur ne s’occupèrent plus qu’à recevoir, aussi honorablement qu’ils le purent, l’illustre voyageuse que leur envoyait le sort.

Après quelque temps de séjour à Ratisbonne, la princesse dit à Dourlach qu’il fallait enfin se séparer. Le baron, bien loin d’être guéri, pensa s’évanouir à cette affreuse nouvelle. Nous n’entrevoyons jamais sans frémir l’instant qui doit nous séparer de ce que nous aimons, et quand il arrive, il est pour nous la foudre qui nous anéantit sans la voir. Adélaïde partagea la douleur de son ami ; elle lui fit renouveler le serment de la venir voir à Dresde ; et nos deux voyageuses reprirent, toujours incognito pour les raisons que l’on sait, la route de Nuremberg, à dessein de ne se rapprocher qu’au bout de quelques jours de l’endroit où on les attendait. On se souvient des motifs qui les engageaient à ce délai.