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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK

— Votre honneur, dit Thuringe, m’étant aussi cher que le mien, mon prince, je vous avoue que j’ai cru devoir prendre aussi quelques éclaircissements sur tout ce qui concerne Adélaïde pendant ses voyages. Bathilde me les a fournis, et cette fille, incapable de tromper, m’a fort assuré qu’il ne s’était rien trouvé de répréhensible dans la conduite de votre épouse. Pendant le cours de son absence jusqu’à cette époque, rien n’a pu lui donner des torts : vous n’avez donc rien à lui reprocher. À l’égard de l’embarras où la jettent vos questions, je vous l’ai dit, prince, ce trouble est celui de la modestie : j’aurais bien mauvaise opinion d’elle si elle vous eût écouté sans pudeur. Revenez donc de vos chimères ; renoncez-y pour toujours et cessez d’affliger la meilleure et la plus malheureuse des femmes.

Cette explication eût peut-être calmé Frédéric si Mersbourg, qui la redoutait, ne fût venu replacer dans l’âme de ce prince tous les serpents de la jalousie.

Lorsque Frédéric fit part au comte de l’entretien qu’il venait d’avoir avec son cousin, et du calme qui en était résulté pour lui :

— Certes, répondit Mersbourg, je ne m’étonne pas de ce que vous me dites, et celui qui rend votre femme coupable doit avoir le plus grand intérêt à vous la faire voir innocente.