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ISABELLE DE BAVIÈRE


même, si je m’en chargeais, elle changea tout à coup d’idée, et proposa le déguisement des sauvages, vêtus de matières combustibles auxquelles monseigneur d’Orléans mettrait le feu. »

On s’en tint là : nous savons le reste.

En expiation de cette soi-disant imprudence[1] le duc d’Orléans érigea une chapelle aux Célestins avec les fonds qui lui avaient été adjugés sur les confiscations du marquis de Craon. On sait que dans ces temps de superstition, les plus grands crimes se compensaient avec des legs pieux : comme si ce n’était pas avilir la majesté du créateur, que de croire qu’il peut pardonner les plus horribles forfaits, moyennant quelques rentes ou quelques chapelles : ce sont des actions utiles aux hommes qui réparent le mal qu’on a pu leur faire, mais non de vaines offrandes, qui ne satisfont que l’orgueil de ceux qui les présentent et l’avarice de ceux qui les reçoivent.

Une seconde rechute bien plus forte que celle de l’année précédente vint attaquer le roi. Guillaume Martel, celui de ses chambellans qui avait facilité les moyens de le désarmer à la fatale journée du Mans, s’aperçut le premier de cet

  1. Il y avait donc autre chose qu’une imprudence, puisque pour l’expier on eut recours aux mêmes actes de piété qu’aurait exigé un crime ?