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ISABELLE DE BAVIÈRE


avait épousé Charles d’Orléans, son fils aîné[1]. Quand elle se jeta aux pieds du roi, alors dans un moment de santé, ce bon prince lui promit la justice qu’elle méritait et, les embrassant tous, il mêla ses larmes à celles de cette famille au désespoir.

Le duc de Bourgogne, pendant ce temps-là, ne songeait qu’à sa sûreté et qu’à opposer l’audace la plus impudente à tout ce qu’on pourrait alléguer contre lui. La reine lui dépêcha Bois-Bourdon, qui revint chargé par le duc d’assurer cette princesse qu’elle ne serait jamais trahie par lui ; qu’il levait des troupes en Flandre, à la tête desquelles il répondrait bientôt à tous ses ennemis. Il lui recommandait la même effronterie, dont il savait si bien se servir, comme le moyen le plus sûr, disait-il, d’embarrasser les gens d’esprit et d’imposer toujours aux sots.

On imagine aisément combien cette réponse tranquillisa la reine et redoubla son impudence. Ce n’était, on le sait, que par des guerres intestines et sanglantes qu’elle allait acheter l’impunité qui lui était promise ; mais de semblables considérations devaient-elles être de quelque poids pour une âme de cette trempe ? que lui importait le prix d’un bonheur dont rien ne pouvait la frustrer !

  1. Ce fut lui qui succéda au duché d’Orléans.