en carnaval de s’habiller en homme, et de courir
toutes les assemblées sous ce déguisement si fort
analogue à ses goûts ; Franville qui faisait
épier ses démarches et qui avait eu jusque-là la
précaution de se très peu montrer à elle, sut un
jour que celle qu’il chérissait, devait se rendre
le même soir à un bal donné par des associés de
l’Opéra, où tous les masques pouvaient entrer,
et que suivant l’usage de cette charmante fille,
elle y serait en capitaine de dragons. Lui se
déguise en femme, se fait parer, ajuster avec
toute l’élégance et tout le soin possibles, met
beaucoup de rouge, point de masque, et suivi
d’une de ses sœurs beaucoup moins jolie que
lui, se rend ainsi dans l’assemblée, où l’aimable
Augustine n’allait que pour chercher fortune.
Franville n’a pas fait trois tours de salle qu’il est aussitôt distingué par les yeux connaisseurs d’Augustine : Quelle est cette belle fille ? dit Mlle de Villeblanche à l’amie qui l’accompagnait… il me semble que je n’ai point encore vu cela nulle part, comment une aussi délicieuse créature a-t-elle donc pu nous échapper ? Et ces mots ne sont pas plus tôt dits qu’Augustine fait tout ce qu’elle peut pour lier conversation avec la fausse demoiselle de Franville qui d’abord fuit, tourne, évite, échappe et tout cela