Page:Sade - Historiettes contes et fabliaux, 1926.djvu/136

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
118
HISTORIETTES, CONTES ET FABLIAUX


d’hui, elles ne m’en deviendront que plus sacrées. Voilà ma main, monsieur, je vous crois homme d’honneur, et fait pour prétendre à moi. Si j’ai pu mériter de perdre un instant votre estime, à force de soins et de tendresse peut-être réparerai-je mes torts, et je vous forcerai de reconnaître que ceux de l’imagination ne dégradent pas toujours une âme bien née.

Franville, au comble de ses vœux, inondant des larmes de sa joie les belles mains qu’il tient embrassées, se relève et se précipitant dans les bras qu’on lui ouvre : Ô jour le plus fortuné de ma vie, s’écrie-t-il, est-il rien de comparable à mon triomphe, je ramène au sein des vertus le cœur où je vais régner pour toujours. Franville embrasse mille et mille fois le divin objet de son amour et s’en sépare ; il fait savoir le lendemain son bonheur à tous ses amis ; Mlle de Villeblanche était un trop bon parti pour que ses parents la lui refusassent, il l’épouse dans la même semaine. La tendresse, la confiance, la retenue la plus exacte, la modestie la plus sévère ont couronné son hymen, et en se rendant le plus heureux des hommes, il a été assez adroit pour faire de la plus libertine des filles, la plus sage et la plus vertueuse des femmes.