gistrat de la fange dans laquelle il était englouti,
mais il s’agissait de savoir par où le prendre, et
comme il était bien et dûment garni des pieds à
la tête, il n’était ni bien aisé, ni bien odorant de
le saisir ; La Brie fut chercher une fourche, un
palefrenier subitement appelé en apporta une
autre, et on débourba ainsi notre homme du
mieux qu’on put de l’infâme cloaque où l’avait
enseveli sa chute… Mais où le porter maintenant,
telle était la difficulté, et il n’était pas
facile de la résoudre. Il s’agissait de purger le
décret, il fallait que le coupable fût lavé, le
colonel proposa des lettres d’abolition, mais le
palefrenier qui n’entendait rien à tous ces grands
mots, dit qu’il fallait tout simplement le déposer
une couple d’heures dans l’abreuvoir, au bout
desquelles se trouvant suffisamment immergé,
on pourrait avec des bouchons de paille achever
d’en faire un joli sujet. Mais le marquis assura
que la froideur de l’eau pourrait altérer la santé
de son frère, et sur cela La Brie ayant assuré que
le lavoir du garçon de cuisine était encore garni
d’eau chaude, on y transporte le président, on le
confie au soin de cet élève de Comus, qui en
moins de rien le rend aussi propre qu’une écuelle
de fayence. — Je ne vous propose pas de retourner
auprès de votre femme, dit d’Olincourt dès
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LE PRÉSIDENT MYSTIFIÉ
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