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LE PRÉSIDENT MYSTIFIÉ
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Rien de plus plaisant que la figure de Fontanis à ces surprenantes paroles : tantôt il jetait des yeux égarés sur sa négresse ; les rapportant ensuite sur sa jeune épouse il la considérait avec une sorte d’attention imbécile, qui réellement eût pu devenir inquiétante pour la disposition de son cerveau. Par une fatalité assez singulière, depuis que le président était à d’Olincourt, La Brie, ce rival déguisé qu’il eût dû redouter le plus, était devenu le personnage de tout ce qui était là, auquel il eût le plus de confiance ; il l’appelle. — Mon ami, lui dit-il, vous qui m’avez toujours paru un garçon vraiment raisonnable, voudriez-vous me faire le plaisir de me dire si réellement vous avez reconnu quelque altération dans ma tête. — Ma foi, monsieur le président, lui répondit La Brie d’un air triste et confus, je n’aurais jamais osé vous le dire, mais puisque vous me faites l’honneur de me demander mon avis, je ne vous cacherai pas que depuis votre chute dans l’auge aux cochons, vos idées ne sont jamais émanées pures des membranes de votre cervelet ; que ça ne vous inquiète pas, monsieur, le médecin qui vous a déjà traité est un des plus grands hommes que nous ayons jamais eus dans cette partie… Tenez, nous avions ici le juge de la terre de M. le marquis qui était devenu fou à tel