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LE PRÉSIDENT MYSTIFIÉ
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président se lève, marchande encore un moment sur ce bain à la glace, qui, disait-il, allait le rendre nul au moins pour six semaines, mais il n’y a pas moyen de s’y soustraire, il descend, on l’y plonge, on l’y contraint dix ou douze minutes, aux yeux de toute la société, dispersée dans tous les coins des environs pour se divertir de la scène, et le malade bien essuyé s’habille et paraît dans le cercle comme si de rien n’était.

La marquise, dès qu’on a dîné, propose une promenade : La dissipation doit être bonne au président, n’est-ce pas, docteur, demanda-t-elle à Delgatz. — Assurément, répondit celui-ci, madame doit se souvenir qu’il n’y a point d’hôpitaux, où l’on ne laisse aux fous une cour pour prendre l’air. — Mais je me flatte, dit le président, que vous ne me regardez pas tout à fait encore comme sans ressource. — Tant s’en faut, monsieur, reprit Delgatz, c’est un léger égarement qui saisi à propos ne doit avoir aucune suite, mais il faut rafraîchir M. le président, il faut du calme. — Comment, monsieur, vous croyez que ce soir je ne pourrais pas prendre ma revanche ? — Ce soir, monsieur, votre seule idée me fait frémir ; si j’agissais de rigueur avec vous, comme vous agissez avec les autres, je vous défendrais les femmes pendant trois ou quatre mois. —