Page:Sade - Historiettes contes et fabliaux, 1926.djvu/210

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
192
HISTORIETTES, CONTES ET FABLIAUX


dédommager avec elle. Au reste la société du château se trouvait augmentée de trois personnages dont il est essentiel de rendre compte. M. et Mme de Totteville, gens à leur aise des environs, venaient d’y amener mademoiselle Lucile de Totteville, leur fille, petite brune éveillée d’environ dix-huit ans et qui ne le cédait en rien aux attraits langoureux de Mlle de Téroze ; afin de ne pas faire languir plus longtemps le lecteur, nous lui apprendrons tout de suite ce qu’étaient ces trois nouveaux personnages qu’on avait trouvé à propos d’introduire sur la scène pour en reculer le dénouement ou pour l’amener plus sûrement aux fins proposées. Totteville était un de ces chevaliers de St-Louis ruinés qui traînant leur ordre dans la boue pour quelques dîners ou pour quelques écus, acceptent indifféremment tous les rôles qu’on a dessein de leur faire jouer ; sa femme supposée était une vieille aventurière dans un autre genre, qui ne se trouvant plus d’âge à trafiquer de ses attraits, se dédommage en commerçant de ceux des autres ; pour la belle princesse qui passait pour leur appartenir, tenant à une telle famille, on imagine aisément de quelle classe elle sortait : écolière de Paphos dès son enfance, elle avait déjà ruiné trois ou quatre fermiers généraux, et c’était en