Page:Sade - Historiettes contes et fabliaux, 1926.djvu/211

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LE PRÉSIDENT MYSTIFIÉ
193


raison de son art et de ses attraits que l’on l’avait spécialement adoptée ; cependant chacun de ces personnages choisi dans ce que leur classe offrait de mieux, bien stylé, parfaitement instruit, et possédant ce qu’on appelle le vernis du bon ton, soutenait au mieux ce qu’on attendait de lui, et il était difficile en les voyant ainsi mêlés à des hommes et à des femmes de bonne compagnie, de ne pas les en croire également.

À peine le président fut-il arrivé, que la marquise et sa sœur lui demandèrent des nouvelles de son aventure : Ce n’est rien, dit le marquis en suivant les intentions de son beau-frère, c’est une bande de coquins qu’on réduira tôt ou tard, il s’agira de savoir ce que le président voudra sur cela, chacun de nous se fera un plaisir de concourir à ses vues ; et comme d’Olincourt s’était hâté de prévenir tout bas des succès et du désir qu’avait le président qu’ils restassent dans l’oubli, la conversation changea et l’on ne parla plus des revenants de Téroze.

Le président témoigna toute son inquiétude à sa petite femme et plus encore l’extrême chagrin qu’il avait, que cette maudite incommodité dût reculer encore l’instant de son bonheur. Et comme il était tard, on soupa et fut se coucher ce jour-là sans qu’il arrivât rien d’extraordinaire.

13