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HISTORIETTES, CONTES ET FABLIAUX


je ne me serais jamais attendu à ce phénomène : j’ai comme vous le savez, mesdames, quelques teintures de cette science, j’ai même fait un ouvrage en six volumes sur les satellites de Mars. — Sur les satellites de Mars, dit la marquise en souriant, il ne vous sont pourtant pas très favorables, président, je suis étonnée que vous ayez choisi cette matière. — Toujours badine, charmante marquise, je vois bien qu’on n’a pas gardé mon secret, quoiqu’il en soit je suis très curieux de l’événement qu’on nous annonce… et avez-vous un endroit ici, marquis, où nous puissions aller observer la trajectoire de cette planète ? — Assurément, répondit le marquis, n’ai-je pas au-dessus de mon colombier un observatoire très en forme : vous y trouverez d’excellentes lunettes, des quarts de cercle, des compas, tout ce qui caractérise en un mot l’atelier d’un astronome. — Vous êtes donc un peu du métier. — Pas un mot, mais on a des yeux comme un autre, on trouve des gens de l’art et l’on est bien aise d’être instruit par eux. — Eh bien, je me ferai un plaisir de vous donner quelques leçons, en six semaines je vous apprends à connaître la terre mieux que Descartes ou Copernic. Cependant l’heure arrive de se transporter à l’observatoire : le président était désolé de ce que l’incommo-