l’ardeur l’instant où elle pourrait s’éclaircir ; le
président la rassura et obtint d’elle sa revanche
pour le lendemain ; la prude Lucile se fit un peu
prier, Fontanis n’en devint que plus ardent et
tout se dispose suivant ses désirs. Mais si ce premier
rendez-vous avait été troublé par une scène
comique, quel événement fatal allait empêcher
le deuxième ! Les choses s’arrangent comme
l’avant-veille, Lucile se retire la première, le président
la suit peu après sans que qui que ce soit
s’y oppose, il la trouve au rendez-vous indiqué,
la saisissant entre ses bras, il s’apprête déjà à lui
donner des preuves non équivoques de sa passion…
tout à coup les portes s’ouvrent, c’est
M. et Mme de Totteville, c’est la marquise, c’est
Mlle de Téroze elle-même. — Monstre, s’écrie
celle-ci, en se jetant en fureur sur son mari, est-ce
donc ainsi que tu te ris et de ma candeur et
de ma tendresse ! — Fille atroce, dit M. de Totteville
à Lucile qui s’est précipitée aux genoux
de son père, voilà donc comme tu abuses de
l’honnête liberté que nous te laissions !… De
leur côté, la marquise et Mme de Totteville
jettent des yeux irrités sur les deux coupables et
Mme d’Olincourt n’est distraite de ce premier
mouvement que pour recevoir sa sœur qui s’évanouit
dans ses bras. On peindrait difficilement la
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LE PRÉSIDENT MYSTIFIÉ
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