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HISTORIETTES, CONTES ET FABLIAUX


figure de Fontanis au milieu de cette scène : la surprise, la honte, la terreur, l’inquiétude, tous ces différents sentiments l’agitent à la fois et le rendent immobile comme une statue ; cependant le marquis arrive, il s’informe, il apprend avec indignation tout ce qui se passe. — Monsieur, lui dit fermement le père de Lucile, je ne me serais jamais attendu que chez vous, une fille d’honneur eût à redouter des affronts de cette espèce ; vous trouverez bon que je ne le supporte pas, et que ma femme, ma fille et moi partions à l’instant pour en demander justice à ceux de qui nous devons l’attendre. — En vérité, monsieur, dit alors sèchement le marquis au président, vous conviendrez que voilà des scènes auxquelles je devrais peu m’attendre ; n’est-ce donc que pour déshonorer ma belle-sœur et ma maison qu’il vous a plu de vous allier à nous ? puis s’adressant à Totteville : Rien de plus juste, monsieur, que la réparation que vous demandez, mais j’ose vous conjurer instamment de vouloir bien éviter l’éclat, ce n’est pas pour ce drôle-là que je le demande, il n’est digne que de mépris et de punition, c’est pour moi, monsieur, c’est pour ma famille, c’est pour mon malheureux beau-père qui, ayant mis toute sa confiance dans ce pantalon, va mourir du chagrin de s’être trompé. — Je voudrais