plus qu’au succès d’une aventure qui va lui assurer
de si jolis moments. Quand tout est en état :
Monsieur, dit-il à Bernac un jour, j’ai l’honneur
de vous appartenir de trop près, et ma confiance
en vous est trop entière pour ne pas vous faire
part de l’hymen secret que je viens de contracter.
— Un hymen secret, dit Bernac enchanté
de se voir débarrassé par là du rival qui le faisait
frémir. — Oui monsieur, je viens de me lier au
sort d’une épouse charmante et c’est demain
qu’elle doit me rendre heureux ; c’est une fille
sans bien, je l’avoue, mais que m’importe, j’en
ai pour tous les deux ; j’épouse, il est vrai, une
famille entière, elles sont quatre sœurs vivant
toutes ensemble, mais comme leur société est
douce, ce n’est pour moi qu’un surcroît de bonheur…
Je me flatte, monsieur, continue le jeune
homme, que ma cousine et vous me ferez demain
l’honneur de venir au moins au repas de noces.
— Monsieur, je sors fort peu et ma femme encore
moins, nous vivons tous les deux dans une
grande retraite, elle s’y plaît, je ne la gêne point.
— Je connais vos goûts, monsieur, reprend
d’Aldour, et je vous réponds que vous serez servi
à souhaits… j’aime autant la solitude que vous,
j’ai d’ailleurs des raisons de mystère, je vous l’ai
dit : c’est à la campagne, il fait beau, tout vous
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HISTORIETTES, CONTES ET FABLIAUX