Page:Sade - Historiettes contes et fabliaux, 1926.djvu/48

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ler en fille un très joli petit enfant de chœur de l’église du chef des apôtres ; on lui avait arrangé des cheveux, un bonnet, des jupons, et tout l’attirail illusoire qui devait en imposer au saint homme de Dieu. On n’avait pourtant pas pu lui prêter ce qui réellement eût dû lui assurer une ressemblance totale avec le sexe qu’il contrefaisait ; mais cette circonstance embarrassait fort peu l’appareilleuse… Il n’y mit la main de ses jours, disait-elle à celle de ses compagnes qui l’aidait à la supercherie, il ne visitera très assurément que ce qui assimile cet enfant à toutes les filles de l’univers ; ainsi nous n’avons rien à craindre…

La maman se blousait, elle ignorait sans doute qu’un cardinal italien a le tact trop délicat, et le goût trop exercé, pour se tromper à de pareilles choses ; la victime arrive, le grand prêtre l’immole, mais à la troisième secousse : Per Dio santo, s’écrie l’homme de Dieu, sono ingannato, quésto bambino è ragazzo, mai non fu putana ! et il vérifie… Rien de trop fâcheux ne se trouvant néanmoins dans cette aventure pour un habitant de la sainte cité, l’éminence va son train, en disant peut-être comme ce paysan à qui l’on avait servi des truffes pour des pommes de terre : Attrapez-moi toujours de même. Mais