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HISTORIETTES, CONTES ET FABLIAUX


quelle indigne femme j’avais affaire, et pénétrée de la force de ses raisons, quelque affreuses qu’elles fussent : Sortons, madame, sortons, lui dis-je, ne me laissez pas plus longtemps ici, je ne dirai mot, faites en de même ; je me servirai de vous, puisque je ne pourrais rompre sans dévoiler des infamies qu’il m’est important de taire, mais j’aurai du moins pour satisfaction au fond de mon cœur de vous haïr et de vous mépriser autant que vous méritez de l’être. Nous revînmes chez la Berceil… Juste ciel, de quel nouveau trouble fus-je saisie quand on nous dit que M. de … y était venu, qu’on lui avait dit que madame était sortie pour affaires pressées et que mademoiselle n’était pas encore venue, et en même temps une des filles de la maison me remit un billet qu’il avait écrit à la hâte pour moi. Il contenait seulement ces mots : « Je ne vous trouve point, j’imagine que vous n’avez pu vous rendre à l’heure accoutumée, je ne pourrai vous voir ce soir, il m’est impossible d’attendre, à après-demain sans faute. »

Ce billet ne me calma point, le froid dont il était me paraissait de mauvais augure… ne pas m’attendre, si peu d’impatience… tout cela m’agitait à un point qu’il m’est impossible de vous rendre ; ne pouvait-il pas s’être aperçu de