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LA MARQUISE DE GANGE

des pertes, et ceux qui ploient sous le faix de l’or qu’ils viennent de gagner.

Mais comme il est dans tout quelques compensations, l’extrême difficulté de se loger dans un si petit espace, rend les appartements aussi chers qu’incommodes ; et c’est ce qu’éprouva Théodore, lorsque, le lendemain de l’arrivée des habitants du château de Gange à Tarascon, il fut choisi par la société pour aller établir le logement, et, comme il avait des vues particulières, ses peines s’accrurent, quand il fallut les arranger avec les possibilités.

L’abbé logea les deux dames dans une maison où il n’y avait plus d’autre place que les deux chambres qu’il retint pour elles. Il avait arrangé Villefranche, son frère et lui, dans une maison voisine et, se rejetant sur l’impossibilité d’avoir mieux, il n’avait, disait-il, pas trouvé, même un cabinet pour une femme de chambre, encore moins de place pour les domestiques et les équipages ; ce qui fit qu’excepté les maîtres, tout resta à Tarascon.

Par les soins perfides de l’abbé, la chambre d’Ambroisine se trouvait au premier étage, celle d’Euphrasie au second. L’abbé s’était fait donner deux clés de chacune de ces chambres ; et, pendant que le marquis s’assurait, dans la maison où l’avait placé son frère, qu’il ne pouvait y avoir de lit pour lui, Théodore arrangea ces dames