Page:Sade - La marquise de Gange, Pauvert, 1964.djvu/102

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
92
LA MARQUISE DE GANGE

l’abbé monte chez sa belle-sœur au second, et le marquis, croyant entrer chez sa femme, s’arrête au premier, s’enferme avec soin, et, sans s’en douter, dans l’appartement d’Ambroisine. — Chut ! dit Théodore à la marquise, en s’introduisant chez elle, et la trouvant prête à se coucher, je crois que, pour ce soir, j’aurai réussi à vous éclairer. Votre mari, que j’ai suivi pas à pas, et sans qu’il m’aperçût, quoiqu’il sût très bien que c’était ici votre chambre, vient d’entrer furtivement dans celle d’Ambroisine. Par cette ouverture, pratiquée au plancher de votre chambre, et qu’on nomme ici un judas, nous allons voir tout ce qui se passera chez Ambroisine. — Oh ! ciel, quel coup de lumière ! Mais soutiendrai-je ce qu’il va m’offrir ? Oh ! mon frère, quel affreux service vous me rendez ! — Je le sais, mais il fallait vous convaincre. Si j’avais vu le marquis monter chez vous, je n’aurais rien dit, mais, le voyant entrer chez Ambroisine, je me suis empressé de vous engager à tout voir ; et l’inquiète Euphrasie se précipite sur l’ouverture que lui indique Théodore. Quel spectacle pour cette malheureuse épouse ! Elle voit Alphonse s’enfermer chez Ambroisine, s’approcher du lit où elle repose déjà, et s’y introduire à ses côtés ; les forces lui manquent ; elle ne peut en avoir davantage… Elle jette sur ses épaules le premier vêtement qu’elle trouve, se précipite dans l’escalier, au bas