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LA MARQUISE DE GANGE

l’état où l’on vous conduit ici, et avec la présomption qui vous accompagne, je ne puis prendre sur moi de vous renvoyer sans quelques instructions ultérieures : ne trouvez donc pas mauvais, je vous prie, si je vous fais, en attendant, conduire au couvent des Ursulines de cette ville ; vous y serez traitée avec tous les égards qui vous sont dus ; une fois là, nous écrirons, chacun de notre côté, au marquis de Gange, et je vous proteste de faire alors tout ce qu’il exigera de moi. Euphrasie, ne pouvant blâmer un parti aussi raisonnable, remercia monseigneur, et, sous la conduite du grand-vicaire, elle se rendit dès le soir même au couvent indiqué ; les lettres s’écrivirent, et voici celle que la marquise se pressa d’envoyer à son mari :

« Je suis, par ordre de monseigneur l’évêque de Montpellier, dans le couvent des Ursulines de cette ville. Que d’événements me sont arrivés depuis que nous ne nous sommes vus ! Accourez aussitôt que ma lettre vous sera parvenue, mais voyez l’évêque avant que de vous présenter au couvent : lui seul peut vous accorder la permission de me parler. Continuez d’aimer votre Euphrasie : elle se croit aussi digne de vous que vous le serez toujours d’elle. J’ai pu vous paraître coupable, mais combien vous l’êtes à mes yeux ! Pressez donc un éclaircissement si nécessaire à notre bonheur. »

On ne se peint point les transports d’Alphonse