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LA MARQUISE DE GANGE

et plus vertueuse au monde ; m’opposant sans cesse l’ardent amour dont elle est dévorée pour son mari, elle ne m’a jamais laissé le plus léger espoir. — Il faut réparer cela, mon ami. Te voilà de retour, on t’engage à rester ; le champ est libre, je te promets la continuation de mes soins. Il faut réduire cette fière beauté ; il faut humilier cette vertu sauvage, qui résiste avec toi plus par orgueil que par inclination. Rends-toi donc justice, mon cher comte : quelque joli cavalier que soit mon frère, n’es-tu pas beaucoup mieux que lui ? Un peu de persévérance, et tu réussiras. N’est-il pas plaisant, poursuivit l’abbé, que ce soit un homme de ma robe qui enseigne à un charmant cavalier de ton état comment il faut s’y prendre pour avoir une femme ? Eh ! quoi, mon ami, tu es arrivé à ton âge toujours croyant à leur vertu ? Sois sûr que ce n’est jamais que l’occasion qui leur manque ; et qu’aussitôt qu’elle leur est offerte, elles savent bientôt en profiter : mille, plus sûres les unes que les autres, naîtront ici pour toi, et je te promets de te les faire saisir. — Je consens à tout, dit le comte : les difficultés, les résistances n’ont fait qu’attiser ma flamme, et je suis plus épris que jamais.

— Oh ! mon cher Perret, dit Théodore à son confident, peu de jours après le retour de Villefranche, comme la fortune vient encore de me mal servir ! Une fois la marquise à Montpellier,