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LA MARQUISE DE GANGE

les bras de Rose, et c’est aidée de Perret qu’elle est en cet état transportée dans sa tour. Rose y reste pour la soigner, et le féroce agent du plus grand des monstres va refermer l’appartement de la mère et rendre compte de tout à son maître.

— Monsieur, lui dit-il, il n’y a pas de supplices assez cruels pour cette infidèle gardienne ; vous ne sauriez la punir trop sévèrement ; je vous y exhorte : tout ceci n’est que le résultat d’un complot arrangé depuis bien longtemps. Où en étions-nous, monsieur, si ces deux femmes se fussent vues ?

Théodore vole chez sa sœur. — Vous voulez donc, madame, aggraver votre détention et vos torts ? lui dit-il en fureur. Quel motif peut vous engager à séduire cette fille, et à vous rapprocher d’une mère… très décidée à partir sans vous voir ? Ici la marquise, qui ne pouvait répondre sans compromettre celle qui l’avait servie, se contenta de dire qu’elle seule avait forcé sa gardienne à lui ouvrir la porte, et à la conduire à une mère toujours adorée, et dont elle voulait détruire les fâcheuses impressions. — En ce cas, vous serez seule punie, dit Théodore, qui, n’ayant sous la main personne qui pût remplacer Rose, aimait mieux la gronder simplement, et la conserver, que de la punir en la séparant d’Euphrasie. Suivez-moi, madame, dit-il à sa sœur ; cette chambre est trop commode pour vous ; je vais