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LA MARQUISE DE GANGE

Que veux-tu que je te dise ? Ou cela ou un raccommodement général qui, remettant ces dames en belle humeur, nous les ramène à Avignon bien disposées, et nullement portées à des procédés qui feraient passer cette fortune devant nos yeux, sans que nous osassions y toucher. Je t’embrasse, ainsi que le chevalier, qui brûle de te voir. »

Cette lettre parvint à Théodore, dans le portefeuille de l’exprès, et cachetée de manière à être à l’abri de toute infidélité.

Ce fut avec Perret que l’abbé en fit lecture. Quelles durent être leur surprise et leur tribulation, en recevant cette nouvelle ! — Le parti que vos frères vous laissent entrevoir serait assurément et le plus sûr et le meilleur, dit Perret ; et à votre place, je ne balancerais pas une minute : les voilà déjà soustraites au monde ; elles n’ont plus qu’un pas pour en disparaître tout à fait. — Assurément, répondit Théodore, et je ne m’en ferais pas, je t’assure, le plus léger scrupule ; mais ne heurtons pas nos intérêts quand nous ne devons penser qu’à les servir. Je conçois tout le danger qu’il y a de laisser à des femmes mécontentes une aussi riche succession. Il y a certainement beaucoup à parier que, jusqu’à la majorité de l’enfant, elles prendront l’une et l’autre tous les moyens qu’elles pourront imaginer pour que