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LA MARQUISE DE GANGE

circule avec la même facilité que les vents impétueux dont elle est journellement tourmentée. Je devais donc, au bout de quelque temps, ménager l’entrevue dont votre impatience abrégea l’époque, que je ne diférais que par de bonnes raisons ; et, sur votre explication mutuelle, j’établissais une opinion décisive, dont mon frère promettait enfin de se contenter. Ce fut dans cet intervalle, poursuivit l’abbé, en s’adressant à madame de Châteaublanc, que vous exigeâtes un serment que je ne crus pas devoir balancer à vous faire, d’après les preuves que j’avais de la réalité des pièces qui étaient en ma possession. Voici les originaux de ces pièces : l’une, celle du souterrain étant connue, on s’y arrêta peu : on n’attendait de celle-ci qu’une conviction morale ; on ne pouvait douter de son existence physique. L’autre attira donc plus particulièrement l’attention : les deux dames se saisirent avidement de cette lettre ; elles en dévoraient les mots. — Que d’adresse ! s’écria Euphrasie. — Tranquillisez-vous, madame, dit l’abbé : ce papier a été bien effectivement trouvé dans les poches du mort ; mais il est aussi bien certainement l’ouvrage de la plus noire calomnie, fabriqué par Villefranche même chez un écrivain des environs. Le faussaire, dernièrement condamné pour de pareils délits, a lui-même avoué celui-ci. Il est donc clair que Villefranche