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LA MARQUISE DE GANGE

tion relative à l’héritage, de la conservation duquel on chargera l’un de nous trois ; et la marquise, alors regardée, ou comme folle, ou comme dissipatrice, ayant totalement perdu la confiance de son époux, étant déshonorée dans toute la province, sera de nouveau reléguée à Gange, et puis nous verrons le reste. — Bien, dit le chevalier, mais il faut prendre garde à des choses ici. La marquise n’a qu’à venir à nous soupçonner, au lieu d’empêcher ce qu’elle peut faire nous en précipiterons l’effet, et toutes nos peines se trouveront perdues. Secondement, nous avons dans la mère une surveillante bien fine ; et, pour peu que nous nous mettions à découvert, ce que nous craignons arrivera plus vite encore. — Et voilà pourquoi, reprit l’abbé, il faut nous déguiser avec un soin extrême. — Oui, mais cette femme que j’adore il faut donc continuer de la rendre malheureuse ? Il faut d’ailleurs que ces filets soient tendus par des gens qui me feront mourir de jalousie. — Oh ! mon ami, c’est de l’or qu’il nous faut, et nous devons tout faire pour nous en procurer. Tu ne sais donc pas qu’avec de l’or on a tout ce qu’on veut, et de plus belles femmes encore qu’Euphrasie ? — Impossible, il n’en est point qui la vaille sur la terre ; et tous les trésors de l’Europe ne m’en procureraient pas une que j’aimasse autant. — Cette effervescence se dissipera : nous connaissons les suites et les effets