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LA MARQUISE DE GANGE

entrouvert, presque entièrement déchiré, sur lequel vient de travailler le chirurgien du château, dont ce local est le laboratoire. Euphrasie se jette en arrière, en poussant un effroyable cri : elle s’égare, elle chancelle, elle ne doit plus son existence qu’à la frayeur ; elle expirerait, sans l’extrême agitation qui précipite les mouvements de son cœur. Cependant, plus d’issue… plus aucun moyen d’échapper ; et, sans qu’elle y ait participé, la porte qui lui a favorisé l’entrée de ce lieu terrible s’est aussitôt refermée. — Ah ! s’écrie-t-elle en frémissant, c’est une victime de ces monstres, et voilà le sort qui m’attend !… Comment sortir d’ici ?… Droite, immobile, faiblement appuyée contre le mur, à peine ose-t-elle respirer. Tout à coup la lampe s’éteint, mille fantômes lui apparaissent ; et, comme si la nature voulait aggraver l’anxiété de cette infortunée, un orage se déclare… un coup de tonnerre affreux se fait entendre, elle se précipite sur sa droite… C’est donc quelquefois pour notre bonheur que le ciel paraît nous desservir. Le mouvement d’Euphrasie vient de la faire peser sur un ressort dont l’élasticité fait ouvrir une autre porte. Un couloir étroit s’offre à elle. Occupée de fuir le danger présent, sans réfléchir qu’il peut s’en présenter de plus effrayants encore, elle s’élance… Un escalier termine le passage, elle le descend, sans voir ni où elle est, ni où elle va. Elle arrive