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LA MARQUISE DE GANGE

ce qui me paraît singulier, c’est qu’Alphonse ne revient d’aucune de ses fâcheuses impressions contre moi. Il a été d’un froid glacé pendant le retour. — Quelqu’un l’aigrit, dit madame de Châteaublanc. Vous avez des devoirs à remplir, ma fille ; que rien ne vous en écarte jamais. La vérité se découvrira tôt ou tard, et nous triompherons de nos ennemis. — Je crains, dit madame de Gange, que cette succession ne leur donne de l’humeur à tous. — Et quels droits peuvent-ils y avoir ? En vous laissant cinq cent mille francs, Nochères a voulu qu’ils passassent à votre fils. — Soit ; mais mon mari, peut-être, aurait désiré que ce testament fût autant en sa faveur qu’en la mienne. Peut-être voudrait-il recevoir les revenus jusqu’à la majorité de mon fils. — Avec la conduite de votre époux et de ses frères, notre cher enfant pourrait bien ne pas gagner à l’administration. — Monsieur de Gange est incapable… — Je le crois ; mais il est faible, et ses frères le mènent. — Oh ! maman, je serais désolée de me brouiller avec mon mari… Si vous saviez combien je l’aime ! — Et moi, ma fille, je serais désolée que votre fils n’eût rien. D’ailleurs, usons dans tout ceci de la plus grande politique, et croyez que mes réflexions, et les gens qui nous conseillent, fourniront bientôt les moyens d’établir un juste équilibre dans toutes les branches de cette importante affaire.