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LA MARQUISE DE GANGE

le sang : les trames dont ils m’enveloppent ne peuvent plus être déchirées que par la faux de la mort !

Euphrasie, un peu plus calme, raconte à sa mère tout ce qui lui est arrivé ; elle fait frémir cette respectable mère, en dévoilant tous les pièges qu’on a tendus pour la perdre. — Ce chevalier, dit-elle, ce jeune homme si doux, que je croyais mon ami, il était au nombre de mes accusateurs ; il m’a peut-être plus nui que les autres.

Madame de Châteaublanc dit à son tour tout ce qu’elle a fait : — Je n’ai été que huit jours à Marseille, ma chère fille, je n’y étais plus à l’époque où vous êtes venue. Je vous ai mandé en arrivant l’adresse positive de la maison que j’habitais sur le Cours. Il paraît que la lettre que vous avez reçue à la place de la mienne était contrefaite, puisque l’indication n’était pas exacte et que cette lettre vous apprenait une maladie que je n’ai point eue. Cette fausse lettre vous engageait à venir me trouver, et je vous mandais au contraire que c’était vous que j’allais joindre. Voilà des atrocités sans exemple, ma fille, et qui nous forcent à prendre un parti aussi sûr que prompt. N’en doutons pas, c’est le testament qui les désespère, et cet amour qu’ils feignent, ces pièges qu’ils vous tendent, n’ont pour objet que de vous faire regarder comme une femme incapable de recevoir et de gérer au nom de son fils