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LA MARQUISE DE GANGE

— Vous ne nous en imposerez pas, madame, reprend vivement Théodore, et nous connaissons le motif qui vient de vous conduire ici. Vous avez cherché sans doute, et enfin trouvé ce Deschamps ; c’est de chez lui que vous venez ; je n’ai pas quitté vos traces depuis que vous êtes sortie de l’église ; et, de ce moment, il devient facile de connaître la raison qui vous a conduite dans ce repaire. Vous craignez encore ce brigand, et vous venez sans doute de payer sa discrétion : voilà ce qui me convainc plus que jamais de votre inconduite avec lui. Deschamps est malheureux, cela est vrai ; ses fautes l’ont fait tomber dans l’indigence où vous venez de le trouver ; mais vous ne deviez pas l’aller voir ; et, l’ayant fait, tout se dévoile. Retournez chez vous, madame ; et le public et votre famille achèveront bientôt de vous connaître. Incessamment, vous aurez de mes nouvelles.

— Je les attends, monsieur, dit Euphrasie en entrant dans sa chaise ; oui, je les attends avec la tranquillité de l’innocence, quand vous ne me les annoncez qu’avec le frémissement du crime.

— Vous le voyez, ma tendre et respectable mère, dit la marquise en rentrant chez elle, et racontant tout ce qui vient de lui arriver, les pièges se multiplient à chaque instant sous mes pas : pressons, pressons nos opérations, il ne devient plus possible de les retarder.