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LA MARQUISE DE GANGE

ruiné. Euphrasie est doublement coupable ici ; elle l’est extraordinairement d’abord par la déclaration faite devant toute la noblesse et les magistrats d’Avignon, aux yeux desquels il est clair que ces procédés nous font passer pour des dissipateurs, des calomniateurs et des fripons… Elle l’est par tout ce qu’elle a fait hier avec toi, ce qui n’est qu’une abominable supercherie et qui prouve toute la fausseté de l’âme de cette femme perfide. Donc, ici point de milieu : ou il faut qu’elle rétracte la déclaration publique d’Avignon, ou il faut qu’elle périsse, si nous voulons être tranquilles le reste de nos jours. D’ailleurs tout est détruit dès qu’elle a les yeux fermés ; quelque chose qu’elle ait faite, on ne peut plus laisser subsister le testament fait en faveur de madame de Châteaublanc, lequel se trouve alors sans aucune raison au détriment du marquis. Il faut qu’il soit nommé curateur de son fils : il est impossible que, dans ce cas, l’affaire puisse être jugée différemment… Essayera-t-on de l’entreprendre ? En détruisant nous-mêmes les jours de cette femme, nous dirons que c’est elle qui s’est tuée ; ce qui prouve qu’elle était folle et que conséquemment elle ne pouvait tester. Nous dévoilerons sa conduite, la lettre de Villefranche, l’écrit passé dans le souterrain de Deschamps, sa dernière démarche chez le même homme, le procès-verbal du commissaire de Marseille ; voilà