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LA MARQUISE DE GANGE

nant convaincre qu’elle était bonne mère ; elle le fit.

Ô furies des enfers ! prêtez-moi vos flambeaux ; eux seuls peuvent maintenant éclairer les horribles tableaux qui nous restent à peindre. Que nos lecteurs se persuadent au moins que, dans tous les faits, nous transcrivons ici mot à mot les pièces du procès ; qu’il serait impossible d’ajouter une nuance de plus aux exécrations qu’elles contiennent, et qu’il en coûte peut-être plus à l’honnête homme qui les peint qu’au scélérat qui les exécute.

Le sept mai mil six cent soixante-sept, la marquise de Gange, ne se sentant pas bien, voulut faire usage de quelques médicaments. Un pharmacien de la ville de Gange composa lui-même le breuvage et le déposa à l’office du château. De ce moment, on ne sait pas en quelles mains il tomba ; mais quand la marquise témoigna le désir de le prendre, on répondit qu’il n’était pas encore apporté. Il arrive enfin ; on le présente à la marquise, en disant qu’impatienté de la longueur du temps qu’on avait mis à le préparer, on avait couru le chercher à la ville. La marquise le reçoit et le porte à sa bouche ; mais elle trouve le médicament si noir et si épais qu’elle ne veut pas le prendre. Perret s’offre aussitôt pour en aller faire faire un autre chez le pharmacien… — Non, non, dit la marquise, j’ai des pilules, dont l’effet purgatif est le même ; je vais en avaler