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CHAPITRE II


Une partie de la noblesse des environs, et les principaux bourgeois de la ville de Gange s’étaient réunis au château, pour rendre hommage aux jeunes époux.

Celle qui venait d’obtenir tous les suffrages de la cour n’eut pas de peine à mériter ceux de la province. Chacun admira sa beauté, sa douceur, l’extrême facilité avec laquelle elle s’exprimait, et surtout cet art si précieux et si rare avec lequel elle adressait à chacun tout ce qui peut l’intéresser ou flatter son amour-propre.

Le véritable esprit de la société est de faire valoir celui des autres ; et, comme on n’y parvient qu’en se sacrifiant soi-même, bien peu de gens dans le monde se sentent capables de cet effort.

Monsieur de Gange fut trouvé l’homme le plus heureux de posséder une telle femme, et plus on le lui faisait sentir, plus la jeune marquise semblait ne rapporter qu’à son époux les éloges qu’on lui prodiguait.