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LA MARQUISE DE GANGE

liaisons avec le père du mari. C’était une femme d’environ cinquante ans, d’un esprit doux, agréable, et ayant parfaitement conservé le ton de l’ancienne cour, où elle avait passé sa jeunesse. Mademoiselle Ambroisine de Roquefeuille, sa fille, était avec elle. Dix-huit ans, une jolie figure, beaucoup plus de candeur et de naïveté que d’esprit, mais possédant d’ailleurs tout ce qui peut plaire en société.

Le comte de Villefranche, âgé d’environ vingt-trois ans, comme ami du chevalier de Gange, dans le régiment duquel il était, en venant donner au marquis des nouvelles de son frère, avait été invité par lui à passer son quartier d’hiver au château, et le comte, très partisan des jolies femmes, se garda bien de refuser ce qui pouvait le rapprocher de l’aimable belle-sœur de son ami. Villefranche avait une figure agréable, mais une douceur, une bonté de caractère, qui ne le plaçaient pas toujours en première ligne près de ceux qui veulent dominer.

Un bon récollet, revêtu de toute la confiance de son ordre, ancien chapelain de la maison, était admis, à cause de ses excellentes qualités, à partager les peines et les plaisirs du château ; et certes, il en était digne à tous égards.

Le père Eusèbe, si loin des défauts de sa robe, si rapproché des sublimes vertus de l’Évangile, homme instruit, bon directeur, prédicateur élo-